Homelie du 6 mars 2022   1er dimanche de Carême   Année C

Par le Père Jean-Paul Cazes

Dt 26, 4-10     Ps 90     Ro 10,8-13     Lc 4,1-13

 

Dimanche prochain, comme tous les seconds dimanches de Carême, l’évangile sera celui de la Transfiguration, c’est-à-dire l’affirmation de la divinité de Jésus et la nouvelle annonce de sa passion. Aujourd’hui, nous recevons l’évangile des tentations, c’est-à-dire l’affirmation de la pleine humanité de Jésus. Le danger de cette répartition très traditionnelle, c’est de laisser penser que Jésus est pleinement homme à certains moments de sa vie, et pleinement Dieu à d’autres, ce qui serait une erreur. Il est pleinement Dieu et pleinement homme à chaque instant de sa vie, depuis sa conception jusqu’à sa résurrection. Sa conception dans le sein de Marie ne lui a pas ôté sa divinité ; sa résurrection ne lui a pas ôté son humanité. En lui, il n’y a pas de lutte ni de concurrence entre sa divinité et son humanité. En lui, les deux natures sont réunies dans l’unité de sa personne, sans mélange, sans division ni séparation. Telle est notre foi en ce qui concerne le Christ Jésus.

Si l’évangile de ce jour insiste sur l’humanité de Jésus, ce n’est pas pour renvoyer sa divinité à dimanche prochain. Vrai Dieu, Jésus est vraiment homme, et il a été réellement tenté. Ses tentations ne sont pas des tentations pour rire, sije puis dire. Il n’a pas fait semblant d’être tenté, comme il n’a pas fait semblant d’être homme. Sa divinité ne l’a pas empêché d’être tenté. On m’avait cité l’homélie d’un vieux prêtre qui affirmait que, comme Jésus était Dieu, il n’avait pas pu être malade. Je ne souhaite pas à Jésus d’avoir été malade ; et d’ailleurs, personne n’en sait rien. En tous cas, ce n’est pas sa divinité qu’il l’a empêché d’avoir les oreillons ou la scarlatine, puisque ce n’est pas sa divinité qui l’a empêché de souffrir et de mourir. Jamais, en rien, Jésus n’a fait semblant d’être homme. Heureusement pour nous : s’il n’avait pas été un homme véritable, nous ne serions pas sauvés. Notre salut, c’est-à-dire notre lien avec le Père, dépend du fait que Jésus soit homme comme nous et Dieu comme son Père.

Jésus, Fils de Dieu, a épousé la faiblesse humaine jusque dans la souffrance et dans la mort, pour nous offrir sa divinité. Depuis Noël, nous connaissons ce que nos pères dans la foi ont appelé « l’admirable échange » : Dieu s‘est fait homme pour que l’homme soit élevé à la dignité divine. Nos pères n’ont pas eu peur de parler de la divinisation de l’homme : non pas l’homme à la place de Dieu, mais l’homme associé par grâce à la nature divine ; ne sommes-nous pas réellement fils et filles de Dieu grâce au Christ ? Eh bien, cet admirable échange commencé à Noël se poursuit aujourd’hui : Jésus accepte d’être réellement tenté pour que nous soyons réellement libérés de l’influence du Tentateur. Lui, le propre Fils de Dieu, accepte d’être tenté pour que nous soyons libérés du Tentateur et devenions fils et filles de Dieu.

Je ne rêve pas, je ne suis pas en train de dire que la tentation n’existe plus depuis que le Christ a été tenté. Nous connaissons tous la tentation, sous quelque forme que ce soit ; le Carême est un temps privilégié de combat spirituel. Et Jésus, qui connaît ce combat spirituel, nous apprend à dire à notre Père : devant la tentation qui ne cesse de frapper à notre porte, donne-nous de ne pas y entrer.

Pour cela, deux armes sont à notre portée. D’abord, le recours à la Parole de Dieu. Jésus connaît la Bible et sait s’en servir. Pour nous aussi, elle est une arme efficace ; encore faut-il la connaître. Je sais bien que vous n’avez pas le temps de lire la Bible ; mais comment utilisez-vous l’évangile du dimanche ? Est-il oublié, une fois entendu, ou bien le reprenez-vous, jour après jour, pour le connaître, le savourer, en tirer votre nourriture spirituelle pour la semaine ? Voilà une chose toute simple pendant ce Carême : ne pas hésiter à lire et à relire l’évangile du dimanche pendant la semaine.

La seconde arme du Christ, qui est aussi la nôtre, est ce que suggère le psaume : Jésus s’est toujours tenu sous l’abri du Très-Haut, il a toujours regardé son Père comme son refuge et son rempart. Le Père n’a jamais abandonné Jésus face à la tentation. Rappelons-nous ce que Jésus a dit un jour : « Le Père et moi, nous sommes un. » (Jn 10,30) L’unité entre le Père et le Fils n’est pas une unité en pointillé ; au seuil de la tentation, le Père se tient auprès de son Fils. De la même manière, le Père est avec nous lorsque la tentation arrive. Le Père ne nous abandonne pas à ce moment-là ; c’est nous qui nous lui tournons le dos.

Voilà ce que nous apprend Jésus au moment d’entrer dans le combat spirituel ; voilà les armes qu’il a utilisées et qu’il nous donne pour ce combat : la Bible et la protection du Père, lui qui est avec nous dans notre épreuve, comme il est avec le Christ.

La dernière strophe du psaume est une réponse de Dieu à celui qui le prie. Au lieu de dire « Puisqu’il s’attache à moi, je le délivre », le psaume pourraitdire « Puisque Jésus s’attache à moi, je le délivre. ». Mais il pourrait tout autant dire de chacun de nous : « Puisque tu t’attaches à moi, je te délivre… »  Avec ceux d’entre vous qui le veulent bien, je vais essayer de lire à haute voix cette dernière strophe en pensant, mentalement, que le Père pense à chacun de nous :

Puisqu’il s’attache à moi, je le délivre ;

Je le défends, car il connaît mon nom.

Il m’appelle, et moi je lui réponds ;

Je suis avec lui dans son épreuve.

 

 

LES RENDEZ-VOUS DU CARÊME

(mise a jour du 9 avril)

Messe de l’aurore

célébrée chaque vendredi à 7 h du matin ( à partir du 4 mars).

Chemin de croix

proposé chaque vendredi à 15 h dans l’église (à partir du 4 mars)

Scrutins

Les catéchumènes en marche vers le baptême recevront les scrutins le dimanche 20 mars à 11h, le dimanche 27 mars à 11h et le dimanche 3 avril à 18h30.

Célébration pénitentielle

La célébration pénitentielle avec absolution individuelle se
déroulera le vendredi 1er avril de 17h à 21h.

Soirée sur le thème de la vie

Les jeunes de l’aumônerie organiseront une soirée sur le
thème de la vie le vendredi 25 mars au soir.

Groupes de Carême 

Des groupes de prière et de réflexion se réuniront autour
du livret du CCFD « Nous habitons tous la même maison ». Temps de lancement le dimanche 13 mars de 15h à 16h30 dans la chapelle Sainte Thérèse et temps de clôture le dimanche 3 avril à 12h au même endroit

Rameaux

Messe le samedi à 18:30 et le dimanche à 9:30, 11:00 et 18:30 précédées par la bénédiction des rameaux sur le parvis

Jeudi Saint (14 avril)

8:30 – office des ténèbres

15:00 – confession

16:30 – messe avec les élèves de l’école Sainte Geneviève

20:30 – Messe en mémoire de la sainte Cène

Vendredi Saint (15 avril)

8:30 – office des ténèbres

15:00 – Chemin de croix

16:00 – Confession

20:30 – Célébration de la passion

Samedi Saint (16 avril)

8:30 – office des ténèbres

21:00 – Vigile pascale et baptême de 6 catéchumènes

Pâques (17 avril)

Messes à 9:30 et 11:00

Homélie du 23 janvier 2022   3ème dimanche    Année C

Nh 8,2-4a+5-6+8-10     Ps 18B     1 Co 12,12-30     Lc 1,1-4 ;4,14-21

Notre dimanche, comme chaque dimanche, est d’abord, et fondamentalement, un jour de célébration du Christ mort et ressuscité. Chaque dimanche est jour de Pâques, puisque Pâques est le pivot de notre foi. Si Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vide (voir 1 Co 15,14) comme l’écrit St Paul aux chrétiens de Corinthe dans la même lettre dont un extrait nous est donné aujourd’hui dans la seconde lecture.

Mais cette réalité fondamentale est colorée par deux autres réalités : la semaine de prière universelle pour l’Unité des Chrétiens, et le dimanche de la Parole. L’édito de la feuille paroissiale aborde, très succinctement, la prière pour l’Unité des chrétiens, sujet qui me tient à cœur et qu’il serait vraiment nécessaire d’aborder plus longuement. Quant au dimanche de la Parole, c’est un thème que le St Père a demandé depuis quelques années d’évoquer ; il est en lien, bien sûr, avec l’unité des chrétiens. Pour nous, chrétiens, que nous soyons catholiques, protestants, orthodoxes, la Parole désigne non pas un Livre, si vénérable soit-il, mais le Christ lui-même, qui est la Parole de Dieu faite chair ; à telle enseigne que lorsqu’à la fin de l’évangile, le prêtre dit « Acclamons la Parole de Dieu », l’assemblée ne répond pas « Louange à toi, Livre saint », mais « Louange à toi Seigneur Jésus ! ». C’est là que nos amis musulmans nous connaissent mal lorsqu’ils nous désignent comme une religion du Livre. Nous ne sommes pas une religion du Livre : nous sommes la religion de Jésus-Christ. Notre évangile le dit très clairement : Jésus, ayant lu un passage du prophète Isaïe qui proclame : « L’Esprit du Seigneur est sur moi … » conclut : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture … » En effet, l’Esprit du Seigneur est sur Jésus ; depuis son baptême que nous avons célébré il y a quinze jours, nous avons entendu : « L’Esprit Saint…comme une colombe, descendit sur Jésus … »

Jeudi dernier, auprès de parents venus pour préparer le baptême de leur enfant, j’ai insisté sur ce qu’est notre foi chrétienne. Notre foi n’est pas d’abord une morale, même si une morale est évidemment nécessaire. Notre religion n’est pas fondée sur les dogmes, même si les dogmes sont indispensables pour nous aider à comprendre la foi. Notre religion n’est pas une religion du Livre, même si la Bible est incontournable. Notre religion est relation avec une personne vivante : Jésus, fils du Père, revêtu d’Esprit.

Si donc, suivant le souhait du Pape, ce dimanche de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens est le dimanche de la Parole, c’est pour attirer notre attention sur le fait que la Bible est, avec les sacrements et la vie de charité, le meilleur moyen de connaître et d’aimer le Christ, mort et ressuscité pour tous les hommes.

Cette réalité d’une Parole vivante, d’une Parole qui prend chair, est un héritage du peuple d’Israël. La première lecture en est un témoignage. Le livre de Néhémie, très peu lu au cours de nos messes dominicales, évoque le retour des juifs à Jérusalem après un exil denviron 70 ans à Babylone. Ces juifs libérés de Babylone, comme leurs ancêtres libérés d’Egypte, retrouvent un pays et une ville en ruines. Ils n’ont plus rien, mais ils acceptent de s’appuyer sur leur foi en la Parole de Dieu ; à partir d’elle, ils vont peu à peu reconstruire leur pays, leur nation et le culte rendu à Dieu.

Soyons attentifs à la dernière phrase de notre lecture, une phrase extraordinaire. Le prêtre Esdras, s’adressant à l’assemblée des rescapés de Babylone, après leur avoir lu la Loi, leur dit : « Ne vous affligez pas : la joie du Seigneur est votre rempart ! » Imaginez la situation. Ces juifs, hommesfemmes, enfants, sont revenus dans une ville en ruines. Le Temple est détruit. Le siège de la Royauté héritée de David n’existe plus. Même les remparts sont détruits. Les juifs qui sont rassemblés sur la place de la Porte des Eaux ne sont plus qu’une poignée ; et, sans rempart, ils sont à la merci de leurs adversaires qui, dans les mois qui viennent, vont les harceler. Et voilà qu’Esdras a le cran, le courage, le panache de leur dire : « La joie du Seigneur est votre rempart. » Je me suis demandé, en lisant ce passage, si j’aurais eu le courage de vous dire, au milieu de nos difficultés de santé, face aux incertitudes politiques qui s’approchent : « Ne vous affligez pas : la joie du Seigneur est votre protection. » Naïveté ? Légèreté ? Inconséquence ?

Et pourtant, c’est Esdras qui a raison : l’histoire a montré que la foi de ces rescapés a porté du fruit. Nous, l’Eglise du Christ, sommes le fruit de la foi de ces hommes et de ces femmes qui ont cru dans le Seigneur alors qu’humainement parlant ils avaient tout perdu. Tout, sauf leur foi en une Parole vivante et efficace.

Jésus lit le prophète Isaïe :

« L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres… »

A la fin de sa lecture, Jésus referme le livre.

Ce qui est ouvert maintenant, ce n’est plus le livre ; c’est Lui, Jésus, qui accomplit ce que le Livre annonçait.

Jésus, Parole vivante de Dieu, est définitivement ouvert pour notre salut, lui qui est notre joie et notre vrai rempart, lui qui est mort et ressuscité pour tous les hommes.

Homélie du 12 décembre 2021 3e dimanche de l’Avent

Evoquer la joie aujourd’hui, dans le contexte de la pandémie, du rapport de la CIASE, du départ de Mgr Aupetit … et dans le contexte de nos difficultés personnelles, est un défi et une nécessité.

Le 3ème dimanche de l’Avent et le 4ème du Carême sont des dimanches de joie. Les textes bibliques nous le disent abondamment. « Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Eclate en ovation, Israël ! Réjouis-toi, de tout ton cœur bondis de joie, fille de Jérusalem ! », voilà pour la première lecture venant du prophète Sophonie. Le chant du psaume venant du prophète Isaïe affirme : « Jubilez, criez de joie, habitants de Sion, car il est grand au milieu de toi le Saint d’Israël ». Quant à St Paul, il écrit aux chrétiens de la ville de Philippes : « Soyez toujours dans la joie ; je le redis : soyez dans la joie. »    

            Mais ce n’est pas parce que les textes bibliques parlent de joie qu’il est facile d’être joyeux. On n’est pas joyeux sur commande.

            Au milieu de toutes les difficultés générales et personnelles, la liturgie de ce dimanche nous lance un défi. Pouvons-nous être joyeux malgré ces difficultés ? Ou bien faut-il attendre que ces difficultés disparaissent pour pouvoir chercher la joie ? Ne faut-il pas se contenter d’un moment de gaité et de plaisir, sachant que, de toutes façons, le lendemain de Noël nous retrouverons nos problèmes ? Et qui pourrait reprocher à quelqu’un qui est « la tête sous l’eau », de se saouler de gaité, au sens propre comme au sens figuré, pour oublier, ne serait-ce qu’un moment, ses difficultés et ses peurs ? Même le gouvernement a compris cela en faisant tout son possible pour ne pas nous confiner encore une fois pour Noël et le 1er janvier.

            Etre gais pour oublier, faire la fête pour penser à autre chose.

            Mais le défi que nous lance ce dimanche est bien différent qu’un bon moment à passer. Quand le prophète Sophonie invite Jérusalem à pousser des cris de joie et à bondir d’allégresse, il est loin d’être naïf. L’époque durant laquelle il lance ses prophéties est au moins aussi troublée que la nôtre. La ville de Samarie sera prise et ruinée par les assyriens venant du nord; ce sera ensuite le tour de Jérusalem en 587 avant Jésus-Christ. Avant cela, venant du sud, les Egyptiens avaient fait une percée jusqu’en Mésopotamie en ravageant, au passage, les petits états comme Tyr, Damas et Israël.

            Quand Paul écrit aux Philippiens, leur recommandant d’être toujours dans la joie, il n’est pas plus naïf que Sophonie. Les savants discutent encore du moment de la rédaction de cette lettre. Soit Paul est à Ephèse, où il a subi deux fois la prison ; soit il est en captivité à Rome, vers la fin de sa vie. Qu’il soit prisonnier à Ephèse ou à Rome, sa détention n’est pas un événement heureux. Pourtant, il écrit : « Soyez dans la joie. » Il ajoute même : « Ne soyez inquiets de rien … ».

            Si ni Sophonie, ni Paul, ne sont des naïfs, d’où vient en eux cette joie qu’ils nous souhaitent et nous demandent de vivre ? Ils ne gomment pas leurs problèmes, ils ne les mettent pas de côté, ils ne s’étourdissent pas pour les oublier ne serait-ce qu’un instant. Comment dire à quelqu’un d’être joyeux sans prendre en compte ses difficultés ? Dire à quelqu’un : « Danse, ris, sois joyeux, oublie tes problèmes de santé, oublie tes ennuis de travail, oublie ton deuil … » ce serait ne pas le respecter. La gaité efface, pour un temps, la réalité de la vie ; la joie tient compte des difficultés en les dépassant.

            La joie va jusqu’aux racines des choses, aux racines de la vie, aux racines de la foi. Que dit Sophonie ? « Ne crains pas, Sion …Le Seigneur ton Dieu est en toi… » Que dit Paul ? « Le Seigneur est proche. »

            Pour quelles raisons voulons-nous fêter Noël ? Pour nous retrouver en famille ? Pour partager un bon repas ? Pour échanger des cadeaux ? Et pourquoi pas ? Tout cela est bon, et je vous souhaite vraiment de pouvoir le faire. Mais ce n’est que la surface des choses. Si Noël n’est pour nous que le 25 décembre, quel message, quelle espérance, quelle joie offrons-nous au monde ?

            Car là est notre mission : vivre, au milieu de nos problèmes, la joie de la foi en un Dieu qui ne cesse de s’approcher des hommes de tous les temps ; notre mission est d’annoncer, malgré nos difficultés, un Dieu qui est en nous, chez nous, pour nous. Les foules, les pharisiens, les soldats demandaient à Jean-Baptiste : « Que devons-nous faire ? » Je pense qu’il répondrait aujourd’hui : malgré votre fragilité, et au cœur même de votre fragilité, vous avez à témoigner de la joie, la joie de croire en un Dieu qui ne cesse de s’approcher, à tel point qu’il se fait l’un de nous. Là est le socle de notre joie. C’est un défi, mais c’est aussi une nécessité quand on voit la tristesse désabusée de notre monde. Un des aspects du message de Noël, c’est la joie ; elle est en nous. Accepterons-nous de la diffuser autour de nous ?

Que l’Esprit Saint nous en donne la force !

Homelie du 28 nov. 2021 1e dimanche de l’Avent

28 novembre 2021   1er dimanche de l’Avent  Année C

Jr 33,14-16     Ps 24(25)     1 Th 3,12-4,2     Lc 21,25-28+34-36

 

Nous n’avons plus à attendre la venue du Messie.

Le peuple juif, le peuple de l’Alliance, attendait depuis longtemps la venue du Messie, celui qui allait rétablir définitivement l’Alliance avec Dieu. Les prophètes, depuis Moïse, en passant par Isaïe, Jérémie, David, espéraient le Messie. Selon les uns, les jours du Messie seraient les jours terribles du jugement de Dieu. Dans le livre du prophète Sophonie, on trouve les expressions qui ont donné naissance à un chant grégorien qu’on chantait lors des obsèques : « Dies irae, dies illa : Jour de fureur que ce jour, jour de détresse et d’angoisse, jour de désastre et de désolation … » (So 1, 15) et ainsi de suite. Jérémie voit le jour du Messie d’une tout autre façon, nous venons de l’entendre : « Voici venir des jours … où j’accomplirai la parole de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda. »

Qui a raison, Jérémie ou Sophonie ? Qui faut-il croire ? Les deux, bien sûr.  Les jours du Messie attendus par le peuple juif sera un jour de bonheur où seront dévoilés le chemin du bien et celui du mal. C’est ce que le vieillard Syméon dit à Marie lors de la présentation de l’Enfant Jésus au Temple : « Il (Jésus) est là pour la chute et le relèvement de beaucoup en Israël – et toi-même, un glaive te transpercera l’âme ; ainsi seront dévoilées les pensées secrètes de bien des cœurs. » (Lc 2,34-35)

Ce jour est arrivé il y a deux mille ans. Nous avons la grâce de le reconnaître dans le jour de la Nativité. La naissance de Jésus est un jour de bonheur parce qu’en sa personne le chemin du bien et celui du mal sont rendus visibles ; en Jésus, tout nous est donné pour que nous choisissions le chemin du bien. « Il est droit, il est bon, le Seigneur, lui qui montre aux pécheurs le chemin » dit le psaume d’aujourd’hui.

Nous n’avons plus à attendre la venue du Messie.

Nous pouvons attendre de fêter Noël, comme on fête un moment important de la vie de quelqu’un qu’on aime. Nous pouvons attendre de fêter Noël parce que c’est une fête de famille.

Mais le Messie attendu est venu. Il a pris chair dans le sein de la Vierge Marie. De cela, remercions notre Dieu qui non seulement nous donne son Fils, mais nous donne de le connaître et de le reconnaître en un homme véritable, né véritablement d’une femme comme tout être humain.

Nous n’avons plus à attendre le Messie puisqu’il est venu. Et pourtant, sa venue n’est pas une fin ; la date de sa naissance n’est pas une date butoir.

Jésus est venu pour nous enseigner ses voies, nous faire connaître sa route. Il nous tient la main, il nous dirige par sa vérité, il nous enseigne : il nous conduit sur la route du salut.

Noël n’est pas une fin en soi, mais un début, une aurore, un commencement, une ouverture. Si les juifs ont attendu le Messie, si, nous, nous avons la grâce de reconnaître le Messie dans la personne de Jésus, fils de Marie, fils de Dieu, nous attendons maintenant son retour définitif.

Le temps de l’Avent, qui commence aujourd’hui, n’est pas le temps de l’attente du Messie, mais le temps de l’attente de son retour définitif qui sera le jour de notre salut.

Mais si Dieu nous a créés sans nous, il ne nous sauvera pas sans nous. Il nous envoie son Fils pour montrer son chemin aux pécheurs que nous sommes. Par Jésus, notre Père nous enseigne l’amour et la vérité, deux moyens – si je puis dire – pour préparer, à travers la rectitude de nos vies, le retour du Messie que nous affirmons tout de suite après la Consécration  : Nous annonçons ta mort, Seigneur Jésus, nous proclamons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire.

Ainsi, le temps de l’Avent est bien un temps d’attente, mais d’attente du retour du Messie.

A vrai dire, nous ne sommes pas très à l’aise avec cette attente. Nos ancêtres l’étaient beaucoup plus, eux qui ne rêvaient que d’entrer dans le royaume de Dieu. Pour nous, l’attente du retour du Messie, l’attente du royaume de Dieu nous donne l’impression de nous évader du monde. Or, c’est bien dans ce monde que notre Père lui-même nous demande de travailler. Comment concilier l’attente du retour glorieux du Messie et notre travail en ce monde ? Tout simplement en regardant notre travail comme une façon de préparer notre monde à s’ajuster au Royaume de Dieu. Si le Messie est venu nous faire connaître ses voies qui sont amour et vérité, c’est parce que son Royaume est amour et vérité.

(Frères et sœurs), que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant…Et qu’ainsi il affermisse vos cœurs … lors de la venue de notre Seigneur Jésus-Christ avec tous les saints.

C’est ce que St Paul nous souhaite, à travers les chrétiens de la ville de Thessalonique, en ce premier dimanche de l’Avent.

Dépôt/Vente de Jouets au profit du Frat

Les jeunes de 4èmes et 3èmes  auront la joie cette année de pouvoir participer au FRAT  du 3 au 6 juin à Jambville. C’est un rassemblement de jeunes de toute l’ile de France à la fois priant et festif !

Nous souhaitons que tous les jeunes de l’aumônerie puissent y aller mais le prix peut être un obstacle, en effet cela coûte 182 euros par enfant . Pour récolter des fonds qui aideront les jeunes à partir nous proposons une bourse aux jouets qui s’organise de la manière suivante :

Collecte des jouets de 1 à 13 ans, en bon état, entier , propre (pas de peluches, ni de jeu Mac-do) aux heures des séances d’aumônerie et le samedi 11 décembre de 10h à midi. au 6 rue Saint Thomas en Argonne

Nous nous réservons le droit de refuser des jouets qui ne nous paraissent pas vendables, et les jouets à pile doivent contenir des piles

-Vente des jouets le mercredi 15 décembre de 17h30 à 20h et le samedi 18 décembre de 10h à midi  au 6 rue Saint Thomas en Argonne

C’est un double geste de solidarité, envers les personnes qui  auront par cette action la possibilité d’acheter un jouet pour leur enfant à Noël et solidarité envers les collégiens de 4èmes et 3èmes .

Par ailleurs, nous avons aussi besoin de vous pour faire de la publicité autour de vous;

D’avance , je vous remercie de vous mobiliser !

Bien fraternellement

Antoinette Vincelot

responsable de l’aumônerie

01 47 89 94 00

Projet pastoral

A travers les 5 essentiels (Adoration, Belle fraternité, Charité-service, Disciple – Formation, Evangélisation), nous voulons vivre une dynamique de croissance et construire une communauté paroissiale composée de disciples missionnaires. Ancrés dans le Christ, nous sommes habités par le désir de l’annoncer.

Paroisse Saint-Pierre-Saint-Paul de Courbevoie          Dimanche 3 octobre 2021

Voulezvous que la paroisse entre dans un profond sommeil, comme la Belle au bois dormant? Voulezvous que la paroisse se meure ? Non ! Alors, j’ai besoin de vous tous.

Nous venons de vivre près de deux ans de pandémie et notre communauté a subi des défections et des coups, au même titre que les entreprises, les associations, les clubs, les cinémas, les salles de spectacle ou les restaurants. Toutes ces activités-ci doivent reconquérir leur clientèle et nous, paroissiens de SaintPierreSaintPaul de Courbevoie, nous devons partir à la pêche. Jésus ne disait-il pas à saint Pierre, le jour où il l’appelait sur le lac de Galilée après la pêche miraculeuse : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » Peutêtre considérez-vous le passé avec nostalgie ? C’était si bien au bon vieux temps ! Peutêtre tournezvous le regard vers cet âge d’or qui n’est plus, lorsque l’église était pleine, lorsque les salles de catéchisme ou d’aumônerie étaient combles. Je n’ai jamais connu cette époque et je ne la connaîtrai certainement pas. Allons-nous baisser les bras pour autantet démissionner à notre tour ? Non, nous allons nous retrousser les manches et commencer une nouvelle aventure. Nous allons nous mobiliser, pour affirmer que Dieu est toujours là, même si nous nous croyons parfois un peu abandonnés. Nous sommes convaincus que Dieu a besoin de nous, pour continuer à transmettre sa vie et sa miséricorde sur le monde. La fête de la rentrée paroissiale aujourd’hui en est un vibrant témoignage et je remercie déjà tous les acteurs de la réussite de cette journée, malgré la pluie envoyée par le créateur ! La vitalité est à l’œuvre dans notre vie paroissiale et nous voulons encore témoigner autour de nous, pour ne laisser personne indifférent à l’expérience fondamentale et transformante que nous faisons de Dieu. En ce mois d’octobre, l’intention de prière du pape François à l’adresse des chrétiens est la suivante « Prions pour que chaque baptisé soit impliqué dans l’évangélisation et disponible pour la mission, à travers un témoignage de vie ayant le goût de l’Évangile. » Soyons donc convaincus d’une chose : nous sommes revenus au temps des premiers chrétiens, comme les douze apôtres dans le livre des Actes dans le Nouveau Testament ; c’est pourquoile pape veut faire de chacun de nous un disciple missionnaire à l’exemple de ses apôtres. Pour cela, il existe certainement de nombreuses recettes. Je vous en propose une seule qui est testéedepuis des années par plusieurs paroisses et qui porte aujourd’hui des fruits de fécondité. Certaines de ces paroisses sont même à nos portes, à quelques kilomètres d’ici.

Je veux donc embarquer la paroisse dans un élan de vie chrétienne à la fois personnelle et communautaire, habitée par le souffle de l’Esprit Saint. C’est un élan qui repose sur cinqdynamiques de croissance, cinq sources de fécondité, que l’on appelle aussi les cinqessentiels, les cinq essences de la vie chrétienne, qui sont représentées sur le beau tableau peint par Isabelle. Ces cinq essentiels sont un peu comme cinq vitamines qui vont doper la paroisse, qui vont donner une impulsion, une force spirituelle à chacun personnellement, à chaque équipe, à chaque activité, à chaque groupe qui se rencontre, à chaque pôle paroissial. Il s’agit d’entrer dans une démarche de croissance de la paroisse, qui fasse de chacun un disciplemissionnaire prêt à former d’autres personnes qui deviendront à leur tour des disciples et des missionnaires de l’évangile de Jésus-Christ. Il importe donc de comprendre la logique de ces cinq essentiels.

La première vitamine est la vitamine A : A comme Adoration. Il s’agit tout simplement de rencontrer Dieu, de se tenir en sa présence, de l’aimer et de se laisser aimer par lui. Il s’agit donc d’ancrer sa vie dans le Christ en faisant l’expérience d’une relation personnelle et vivante avec Jésus. Adorer, c’est prier, célébrer, louer, rendre grâce, intercéder, personnellement ou en petit groupe ou en communauté, à travers de belles liturgies, qui soient attirantes etinspirantes, parfois animées par une chorale priante. Nous avons multiplié les adorations du Saint-Sacrement. Nous lancerons cette année des veillées de prière et des messes des jeunes le dimanche soir et nous soignerons la liturgie avec des équipes liturgiques de choc. Adorer, c’est pour chacun se reconnaître fils ou fille de Dieu. C’est la première étape essentielle.

La deuxième vitamine est la vitamine B : B comme Belle fraternité. Il s’agit de vivre l’amour du prochain, l’accueil et le soutien mutuel, dans des petits groupes d’Église de taille familialeou en équipe ou en maisonnée. Cette fraternité favorise ainsi l’insertion de chacun dans la communauté chrétienne. Car en vivant une belle fraternité, on partage la vie, la foi et la prière. Nous avons multiplié les équipes de fraternité l’an passé et nous continuerons à le faire cette année, parce qu’un chrétien ne peut pas vivre tout seul sa foi, il doit l’entretenir et la partager. Chacun se reconnaît donc frère ou sœur en Jésus. C’est la deuxième étape essentielle.

La troisième vitamine est la vitamine C : C comme Charité, une charité active et serviable à l’image du Christ qui lave les pieds de ses disciples. Il s’agit de s’engager dans la communauté pour en servir la vitalité et la fécondité. Il s’agit aussi de discerner chez soi et chez les autresles talents ou les charismes, favoriser la prise de responsabilité du plus grand nombre, appeler à s’engager. Il y a à Saint-Pierre-Saint-Paul tant de services à rendre. Venez nous aider ! Je m’émerveille de voir des paroissiens prendre en charge la sacristie ou prendre un temps d’accueil aux messes ou au presbytère. Quel dévouement ! La communauté s’organise alors pour accomplir efficacement sa mission à l’intérieur d’elle-même et à l’extérieur d’elle-même. On partage ainsi ce que l’on a reçu et on sert ses frères et sœurs en Christ en fonction de ses capacités ou de ses compétences. Chacun se reconnaît donc serviteur au sein de la communauté. C’est la troisième étape essentielle.

La quatrième vitamine est la vitamine D : D comme Disciple. Il s’agit de grandir, de poursuivre la conversion de son cœur, de développer son intelligence de la foi, de discerner et de cultiver ses talents et ses charismes. C’est comme un chemin catéchuménal où l’on progresse dans la foi ou encore c’est comme une formation permanente, pour que la foi reste vivace. On éprouve le besoin de se former. Et cette année, nous multiplions justement les offres de formation : étude biblique, étude théologique, découverte de ce qu’est l’Église verte.C’est pour cela que chacun doit se reconnaître disciple en se mettant à l’école du Christ. C’est la quatrième étape essentielle.

La cinquième vitamine est la vitamine E : E comme évangélisation. Il s’agit d’annoncer Jésus-Christ mort et ressuscité pour nous à ceux qui ne le connaissent pas encore. Il s’agit de conduire à Jésus, de faire découvrir aux autres autour de soi l’amour de Jésus, de témoigner de son expérience de Dieu. Je sais qu’il y a quelques années vous avez vécu l’aventure de Saint-Pierre-Saint-Paul-hors-les murs pendant le temps de l’Avent. Nous réinventerons des actions d’évangélisation. Et chacun reboosté par les quatre premières vitamines pourra éprouver le besoin et le désir d’annoncer le Christ. C’est ainsi que je chacun peut se reconnaître apôtre du Seigneur. C’est la cinquième étape essentielle.

Voilà un chemin de croissance que chacun cherchera à vivre personnellement cette année, en acceptant de développer ces cinq potentialités dans sa vie de foi, sans oublier un seul de ces aspects. En effet, je ne peux pas prier et par ailleurs oublier de me former ou de vivre la fraternité qui est pourtant un commandement de Jésus. Je ne peux pas servir mes frères et ne pas chercher à évangéliser ceux qui sont à la porte de l’église et qui peut-être essaient del’entrouvrir avec inquiétude ou interrogation. Exercer ces cinq essentiels rendra ma foi vive et active et éveillera la foi des personnes que je rencontrerai.

Ce chemin de croissance est aussi un chemin pour toute la communauté. Je souhaite donc que chaque groupe paroissial, chaque activité, chaque rencontre soit l’occasion de mettre en œuvre ces cinq piliers. Comment voulez-vous être un véritable fils de Dieu, ou une véritable fille de Dieu, si vous n’êtes pas capable de vivre la fraternité, de partager la foi et de servir votre prochain ? Il manque nécessairement une corde à votre arc.

Ce cheminement se fait bien évidemment dans le temps, pour que chacun puisse vivre une conversion intérieure, grandisse en maturité, soit en communion avec ses frères et sœurs et devienne un vrai témoin du Christ. Jésus nous le demande : « Allez et de toutes les nations faites des disciples. » Il me semble donc que la multiplication de groupes de fraternité, où s’exerceront ces cinq essentiels, permettra à ce processus de se propulser en avant.

Voilà pourquoi ma vision pour la paroisse est la suivante. Je veux construire avec vous tous une communauté paroissiale composée de disciplesmissionnaires dans une dynamique de croissance grâce aux cinq essentiels. Qui que vous soyez, jeunes ou vieux, consommateurs ou acteurs dans la paroisse, je ne veux pas faire de vous seulement des disciples qui seraient enfermés dans l’organisation de la paroisse, je ne veux pas faire de vous non plus seulementdes missionnaires à l’extérieur qui n’auraient plus de vie intérieure dans le cœur de l’Église et à la table de l’eucharistie. Je veux faire de vous des disciplesmissionnaires. Enracinés dans le Christ, je veux que vous soyez habités par le désir de l’annoncer. Je dirais même davantage : plus vous serez enracinés dans le Christ, plus vous désirerez vivre en fraternité ecclésiale, servir votre prochain, affermir votre foi, et par voie de conséquence, annoncer l’Évangile à ceux qui ne le connaissent pas, ou si peu…

Voulez-vous me suivre sur ce chemin exaltant ? Peut-être avez-vous une incompréhension, une hésitation, une inquiétude, un instant de recul, un sentiment de vertige. Il est vrai que je veux vous embarquer au loin, vers l’inconnu. Pourtant ma vision est claire et large : je veux vous conduire au Christ ! Voulez-vous que nous soyons tous embrasés par l’Esprit du Christ et que nous embrasions aussi le monde ? Voilà qui donnera du souffle et du tonus à la vie !

Père Yvan Maréchal, curé

Homélie du dimanche 3 octobre 2021

27ième dimanche B

Rentrée paroissiale placée sous le signe de la création et de saint François

Lectures : Gn 2,18-24 ; Ps 148 ; Ap 22,1-7 ; Mc 10,2-16

« La beauté sauvera le monde. » Avez-vous déjà entendu cet adage ? Il s’agit d’une citation tirée de L’idiot, un roman de Dostoïevski. Aujourd’hui nous voulons justement chanter la beauté qui nous fait rejoindre celui qui en est la source : Dieu que nous glorifions. Même si la beauté réserve à chacun une sensation forte et subjective, qui fait dire à l’un qu’une chose est belle et à un autre qu’elle ne l’est pas, il existe des images, des objets ou des spectacles, qui transcendent le goût de chacun et désignent une sorte de beauté originelle et universelle.

La création est de cet ordre. Lorsque cet été je me trouvais sur un voilier devant un coucher de soleil sublime, où je voyais à l’horizon l’astre plonger dans la mer, j’étais subjugué par ce spectacle. Et ici chacun pourrait se lever à son tour, pour évoquer une impression esthétique qui l’a marqué à vie et nous communiquer cette émotion d’un instant qui se prolonge encore. Comment alors ne pas s’étonner que la Bible commence en Genèse par le récit de la création,pour exposer l’origine de l’espace et du temps où nous vivons, et que cette même parole de Dieu s’achève en Apocalypse sur la création avec une vision paradisiaque de l’arbre de vie qui donne des fruits en abondance en un jour infini dont la lumière n’est plus celle du soleil, mais de Dieu lui-même illuminant un monde transfiguré.

« La beauté sauvera le monde. » Et aujourd’hui, Jésus nous fait contempler cette beauté qui rayonne dans l’amour réciproque d’un homme et d’une femme. Dans l’Évangile, des pharisiens veulent piéger Jésus sur la question de la répudiation, permise par Moïse, disent-ils, à cause de la dureté du cœur de l’homme. C’est alors que Jésus fait surgir l’union sacrée des origines, il la fait remonter au projet que Dieu a voulu pour l’humanité : « Au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme. À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. » Jésus rappelle ainsi l’importance de la dualité, de la différence sexuelle, de la relation établie dans le dialogue, faite de distance et d’intimité entre l’homme et la femme s’enrichissant mutuellement des dons qu’ils s’échangent.

C’est cette beauté de l’amour que décrit le second récit de la création, dans la première lecture, le deuxième chapitre de la Genèse. Au cœur d’un jardin où coule des fleuves d’eaux vives et où s’élève l’arbre de vie, précurseur de l’arbre de la croix du Christ, Dieu est présenté comme un potier, comme un artiste qui façonne l’homme primordial avec de la terre. Pour tromper la solitude de l’homme, Dieu doit ensuite lui amener une aide qui lui corresponde, une alliée qui sera à égalité face à lui. Écoutons le cri de jubilation de l’homme : « Cette fois-ci, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair ! » La femme acquiert ainsi l’os et la chair de l’homme, c’est-à-dire ce qui constitue son intimité, elle devient l’être même de son être, elle est tenue pour une personne de sa parenté qui lui offre son achèvement, sa pleine humanité. Et tous deux se tiennent face-à-face dans la rencontre et le respect de l’autre. On peut dire que c’est seulement au moment où l’homme et la femme entrent en communion et deviennent une seule chair que la création est achevée vraiment et que l’image de Dieu est pleinement inscrite dans les créatures humaines. Tout seul l’être humain ne réalise pas entièrement ce qu’il est,car il ne l’accomplit qu’en existant avec quelqu’un ou en existant pour quelqu’un. Cette relation lui permet alors de vivre dans le don. C’est ainsi que l’union de l’homme et de la femme est l’image de l’union des trois personnes de la Trinité, l’union de l’amour du Père, du Fils et du Saint Esprit. « Ce mystère est grand », dira un jour saint Paul.

« La beauté sauvera le monde. » Par conséquent, pour un chrétien, est-il abusif de dire que cette beauté qui sauvera le monde est le Christ sauveur, qui selon l’expression d’un Psaume est « le plus beau des enfants de l’homme » (Ps 44,3), venu rendre à l’homme sa beauté première ? C’est pourquoi, quand un chrétien regarde un visage, il voit le visage du Christ. Le regard qu’il porte sur lui dépasse le sensible pour rejoindre la profondeur de l’être, et partant la présence de Dieu. La philosophe française Simone Weil, décédée au milieu de la seconde guerre mondiale, écrivait : « Dans tout ce qui suscite en nous le sentiment pur et authentique de la beauté, il y a réellement la présence de Dieu. Il y a presque une incarnation de Dieu dans le monde, dont la beauté est le signe. » Et il y a quelques années, le pape Benoît XVIcommentait cet auteur en disant : « La beauté – de celle qui se manifeste dans l’univers et dans la nature à celle qui s’exprime dans les créations artistiques – peut devenir une voie vers le Transcendant, vers le Mystère ultime, vers Dieu, précisément en raison de sa capacité essentielle à ouvrir et élargir les horizons de la conscience humaine, à la renvoyer au-delà d’elle-même, à se pencher sur l’abîme de l’Infini. »

Nous comprenons alors que la beauté qui sauve est inséparable de la bonté. En Dieu beauté et bonté se confondent. Celui qui fait du bien produit en même temps du beau. Par son travail dans le jardin, Adam poursuit l’acte créateur beau et bon du Seigneur. Par leurs activités, par leurs techniques, par leurs arts, les hommes prolongent l’œuvre belle et bonne du créateur. Cependant, trop souvent ils se l’approprient et ils la détruisent par leur volonté de possession, de puissance et de domination. La beauté d’un paysage, la beauté d’une composition musicale, la beauté d’un geste humain, la beauté d’un visage jeune ou ridé, apaisent, guérissent et restaurent l’harmonie. L’harmonie ne se dit-elle pas cosmos en grec ? Si donc« la beauté sauvera le monde », c’est parce qu’elle nous oriente vers la création nouvelle, où seul le sauveur nous mène. N’avons-nous pas pour mission de témoigner de cette beauté qui élève vers le haut, vers le ciel ?

Quelques mois avant sa mort le 3 octobre 1226 à l’âge de 44 ans, saint François d’Assise devenu aveugle compose son Cantique de frère soleil, où il déclame son émerveillement devant le monde et son amour fraternel des créatures : « Laudato si ! Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures, spécialement messire frère Soleil, par qui tu nous donnes le jour, la lumière ; il est beau. » Loué sois-tu pour sœur Lune, pour frère Vent, pour notre sœur Eau, pour frère Feu, pour sœur notre mère la Terre, pour ceux qui pardonnent, pour notre sœur la Mort corporelle. La création tout entière devient lumineuse depuis le surgissement de la lumière jusqu’à l’heure de la mort. Au milieu d’un siècle féodal déchiré par des guerres intestines entre les cités et leurs podestats, le poète saint François renonce àposséder le monde pour se diriger vers la contemplation. Il se réjouit en toute créature, parce qu’il s’abstient d’en posséder aucune. Il préfère s’évader dans la campagne, parler aux oiseaux ou sermonner le loup de Gubbio. Il préfère fréquenter les lépreux de son temps, répandre la joie parfaite sur ses frères mineurs ou discuter avec le sultan d’Égypte. Il découvre ainsi l’interaction entre le monde naturel et le monde humain. En restaurant l’Église de son temps, il veut plonger le monde entier dans un esprit de réconciliation, de fraternité et de louange.

« La beauté sauvera le monde », écrivait Fiodor Dostoïevski. Huit cents ans après frère François, soyons certains que tout ce que nous entreprendrons localement et à notre mesure sera peut-être une goutte d’eau dans un océan, mais aura un retentissement au-delà des familles, des paroisses ou des localités où nous vivons. La haine produira encore de la haine. L’amour propulsera un élan d’amour. L’appropriation de tous les biens de la terre entraînera sa destruction. Le soin de la création qui nous a été confiée stimulera le souci de l’humanité, et surtout du plus faible et du plus pauvre. Le pape François, inspiré par la figure du Poverellod’Assise, ne nous enseigne rien d’autre de sa première encyclique Laudato si à sa dernièreencyclique Fratelli tutti. Suivons-le ! Amen !

Père Yvan Maréchal

Chants

Dimanche 26 septembre


Entree : L’ESPRIT DE DIEU REPOSE SUR MOI

L’Esprit de Dieu repose sur moi,
L’Esprit de Dieu m’a consacré,
L’Esprit de Dieu m’a envoyé proclamer la paix, la joie.

1. L’ESPRIT DE DIEU M’A CHOISI
POUR ÉTENDRE LE RÈGNE DU CHRIST PARMI LES NATIONS,
POUR PROCLAMER LA BONNE NOUVELLE À SES PAUVRES.
J’EXULTE DE JOIE EN DIEU, MON SAUVEUR !
 
2. L’ESPRIT DE DIEU M’A CHOISI
POUR ÉTENDRE LE RÈGNE DU CHRIST PARMI LES NATIONS,
POUR CONSOLER LES CŒURS ACCABLÉS DE SOUFFRANCE.
J’EXULTE DE JOIE EN DIEU, MON SAUVEUR !
 
3. L’ESPRIT DE DIEU M’A CHOISI
POUR ÉTENDRE LE RÈGNE DU CHRIST PARMI LES NATIONS,
POUR ANNONCER LA GRÂCE DE LA DÉLIVRANCE.
J’EXULTE DE JOIE EN DIEU, MON SAUVEUR !

COMMUNION : APPROCHONS-NOUS DE LA TABLE

 

1. Approchons-nous de la table Où le Christ va s´offrir parmi nous.
Offrons-lui ce que nous sommes, Car le Christ va nous transformer en lui.

2. Voici l´admirable échange Où le Christ prend sur lui nos péchés.
Mettons-nous-en sa présence, Il nous revêt de sa divinité.

3. Père, nous te rendons grâce Pour ton Fils, Jésus-Christ le Seigneur.
Par ton Esprit de puissance, Rends-nous digne de vivre de tes dons.

Sortie : RENDONS GLOIRE A NOTRE DIEU

Rendons gloire à notre Dieu ! Lui qui fit des merveilles,
Il est présent au milieu de nous Maintenant et à jamais !

1. Louons notre Seigneur, Car grande est sa puissance, Lui qui nous a créés, Nous a donné la vie.

2. Invoquons notre Dieu, Demandons-lui sa grâce, Il est notre Sauveur, Notre libérateur.

3. Oui le Seigneur nous aime, Il s´est livré pour nous.
Unis en son amour, Nous exultons de joie.

Homélie du 27 juin 2021 

Textes du 13ème dimanche   Année A

par le père Jean Paul Cazes

Sg 1,13-15 + 2,23-24     Ps 29 (30)     2 Co 8,7+9+13-15     Mc 5,21-43

Quel est le mot, ou la phrase, qui vous a personnellement touché en écoutant les trois passages bibliques de ce jour ? Quelle est la phrase que vous allez emporter de cette messe pour vous la répéter tout au long de la semaine, la ruminer pour en vivre ? Si l’Eglise prend la peine de nous donner trois textes chaque dimanche, c’est pour qu’ils nous servent dans la semaine qui suit.

Je vous cite quelques-unes de ces phrases.

Dans le livre de la Sagesse :

= Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants.

= La puissance de la mort ne règne pas sur la terre

= Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité

Dans la lettre de Paul aux chrétiens de Corinthe :

  • = …vous avez tout en abondance : la foi, la Parole, la connaissance de Dieu
  • = (Jésus-Christ) qui est riche, s’est fait pauvre
  • à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté.

Dans l’Evangile :

  • = Viens imposer les mains (à ma fille) pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive
  • = Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée
  • =Jésus se rendit compte qu’une force était sortie de lui
  • = La femme, saisie de crainte … vint se jeter aux pieds (de Jésus)
  • = Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal.
  • = Ne crains pas, crois seulement
  • = Jeune fille, je te le dis, lève-toi.

Voilà ma sélection ; il est probable que la vôtre serait différente, mais peu importe ?

Est-ce l’une de ces phrases, ou une autre, que vous allez retenir tout au long de la semaine ?

Il existe plusieurs techniques pour se souvenir d’une phrase :

  • = on la surligne en couleur dans son missel ou son Prions en Eglise
  • = on l’écrit dans son agenda
  • = on la colle sur la porte du frigo
  • = on la place en évidence sur sa table de nuit

L’important, c’est qu’elle habite notre mémoire et nous serve de guide spirituel au long de la semaine.

Ce peut être une phrase dans laquelle on se reconnaît, dans laquelle on reconnaît le problème ou la difficulté qui nous habite comme, par exemple :

« Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. »

Ou bien ce peut être un mot qui secoue notre faiblesse dans la foi, notre doute, nos peurs :

« Ne crains pas, crois seulement. »

Ou bien alors ce peut être une phrase qui heurte nos connaissances, ou notre expérience, du genre :

« Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants. »

Je vais rester quelques instants sur cette phrase pour la méditer, en espérant ne blesser aucun d’entre vous qui serait dans la peine ou le deuil.

« Dieu n’a pas fait la mort ».

De quelle mort parle l’auteur du livre de la Sagesse ?

Si c’est de la mort physique, on peut légitimement penser que la mort est sinon créée par Dieu, du moins acceptée par lui comme une conséquence de la Création. La mort physique touche tous les êtres ; le Fils de Dieu fait homme n’y a pas lui-même échappé.

Dieu n’a peut-être pas créé la mort, mais il la permet.

Mais, encore une fois, est-ce de la mort physique dont parle la Sagesse ? N’est-ce pas plutôt de la mort spirituelle, c’est-à-dire du refus absolu de Dieu par l’homme ? Car la raison donnée est une indiction spirituelle mais pas une explication scientifique : « C’est par la jalousie du diable que la mort est entrée dans le monde. »

 Le fait d’évoquer la mort spirituelle n’est pas une méconnaissance ou un mépris de la souffrance et de la mort physique. Jésus en donne deux preuves : la guérison de la femme et la résurrection de la fillette.

Jésus n’a pas guéri de son temps toutes les femmes malades, il n’a pas ressuscité tous les enfants morts. Ces deux actions sont des signes de ce qu’il est venu faire dans l’humanité : nous donner à tous l’incorruptibilité en nous rendant semblables à lui.

Car Jésus, comme son Père, ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants, que ce soit de mort physique et, plus encore, de mort spirituelle.

Mais la question que pose le livre de la Sagesse est quelque chose de ce genre :

  • = croyons-nous vraiment que notre Dieu aime la vie ?
  • = n’avons-nous pas tendance à le relier à la souffrance et à la mort plus qu’à la vie ?
  • = avons-nous compris que la sauvegarde de la vie terrestre sous toutes ses formes est un acte profondément spirituel, c’est à dire inspiré par l’Esprit Saint ?

La lutte contre la souffrance et la mort ne nous empêche pas de mourir physiquement, mais nous rend semblables à Dieu qui aime la vie.

La lutte contre la souffrance et la mort sous toutes ses formes et selon nos moyens nous prépare et nous ouvre à la vie d’amour définitive en vue de laquelle Dieu nous a créés.

C’est en ce sens qu’on peut dire avec l’auteur du livre de la sagesse que Dieu n’a pas fait la mort et qu’il nous a créés pour partager sa propre vie.

Vous savez que les évangiles ont été écrits après la Passion et la Résurrection. Les évangélistes ont cela en mémoire. Lorsqu’ils racontent que Jésus opère une guérison ou une résurrection, c’est, pour eux, comme un avant-goût de la résurrection du Seigneur : Jésus s’est relevé d’entre les morts pour nous en relever, nous aussi : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi. Aussitôt, la jeune fille se leva et se mit à marcher. »

Peut-être est-ce la phrase que vous allez conserver ?

Que St Pierre-St Paul nous guident dans ce choix.